J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.
Mot traité aujourd’hui : «Sifflet». Continuez à me laisser vos propositions de mots !
9h59
Dans cette course effrénée, celle qu’avait été sa vie, vide et vaine, agitée et futile, le coup de sifflet lui sembla comme le dernier couperet. Il partait, définitivement, dans un bruit de soufflerie et de moteur. Jusqu’au bout comme dans un mauvais roman, où le personnage principal, enfin, sursaute, se réveille, part en chasse de son rêve sur fond de locomotive à vapeur vaporeuse, plein de désirs et d’angoisses pour cette ouverture des possibles, ce dénuement tant attendu, cette redécouverte de soi. Il partait, lui, mais c’était moins romantique, personne à rejoindre, pas de lieu défini, et le regret de laisser ce qu’il avait été, aussi fort, voire plus, que la connaissance intime qu’il faisait bien. Il n’avait pas la certitude des héros des « Ma vie réinventée », des « L’amour révélé », des « La passion et l’amante ». Il n’était que lui, un lui dont il voulait malgré tout se débarrasser, sans savoir par quel autre il allait le remplacer. Il n’était pas plus courageux que la veille, il n’était pas plus beau, pas plus grand, peut-être juste un peu plus brisé. Et le coup de sifflet était un peu la déchirure externe de sa rupture interne.
10h07