Atelier d’écriture en solitaire 10 – Marron

J’ai fait appel aux volontaires, notamment sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui : « marron ». Où comment le mettre tout au début pour s’en éloigner.

21h00

Marron, la terre avait parlé, dans l’au-delà de ses bras, l’encerclement d’un avenir incertain. À ses pieds la boue, devant ses yeux, la poussière humide de l’étendue hostile. Sa poitrine l’oppressait, ses côtes broyaient son coeur, elle étouffait à respirer à pleins poumons. Depuis deux semaines, la marche ne l’avait pas plus éclairée qu’une journée passée à ruminer. Elle ne savait toujours pas quoi faire, et en plus elle était épuisée. Ses ennemis restaient ses ennemis ; ses alliés lui étaient devenus douteux à force d’y penser. Et à aucun moment la contemplation morne du pas solitaire n’avait ouvert chez elle une vision bienveillante – où une bonté nouvelle de son âme aurait rayonné pour dépasser ses haines et ses rancoeurs. Définitivement, boue et poussière lui allaient bien.

21h07

Sélection de livres jeunesse par un enfant d’école maternelle

Vous trouverez ci-dessous la liste des livres préférés de mon fils, c’est à dire ceux qui résistent à la lecture depuis très longtemps (plusieurs années pour certains), qu’il faut lire encore et encore, qu’il faut emmener partout, qui sont décortiqués (mais pourquoi ci, mais pourquoi ça), qui sont réclamés le matin, le midi et le soir.

Mes choix seraient parfois différents (pour l’un, c’est le dessin que je ne trouve pas si bien, pour l’autre, le texte manque un peu de consistance), mais c’est justement ça qui est intéressant.

La passion pour certains s’explique parfois par la thématique. Si elle n’est pas la tasse de thé de votre enfant, passez votre chemin sur ce titre-là j’imagine.

Les trains, Stéphanie Ledu, Robert Barborini (NB : une incohérence. Sur les images, la pendule de la gare affiche 8h30, donc non, le haut-parleur ne peut pas annoncer la voie pour un train qui ne partira qu’à 10h50)

Le Renard qui partait à l’aventure, Yuiko Tsuno (NB : avec une difficulté de syntaxe / cohérence, sur la page où l’arbre, le renard, le chien, le chat sont dits en train de discuter. Je change toujours le mot « trois » par « quatre »).

La provision de bisous de Zou, Michel Gay (NB : avec en première page le mot « trucs » que je remplace toujours par « activités » lors des multiples lectures et un bébé qui part en colonie de vacances, c’est surprenant).

Chat Lune, Albertine Deletaille (Rien à dire 🙂 )

Comment sont nées les étoiles de mer, France Quatromme, Estelle Nectoux

Pénélope connaît les formes, Anne Gutman , Georg Hallensleben (NB : Marie-Ursule dans une cage, pas génial)

La famille souris se couche, Kazuo Iwamura (Rien à dire 🙂 )

J’apprends à compter, Caroline Mockford. Livre acheté en Belgique dans une librairie qui liquidait tout, ne semble pas aisément trouvable en ligne, surtout dans la mesure où ce livre n’est plus référencé sur le site de l’éditeur.

Et finalement un 9ème que j’avais oublié :

Pourquoi ça n’avance pas ?, Tomoko Ohmura

Atelier d’écriture en solitaire 8 – Sifflet

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui : «Sifflet». Continuez à me laisser vos propositions de mots !


9h59


Dans cette course effrénée, celle qu’avait été sa vie, vide et vaine, agitée et futile, le coup de sifflet lui sembla comme le dernier couperet. Il partait, définitivement, dans un bruit de soufflerie et de moteur. Jusqu’au bout comme dans un mauvais roman, où le personnage principal, enfin, sursaute, se réveille, part en chasse de son rêve sur fond de locomotive à vapeur vaporeuse, plein de désirs et d’angoisses pour cette ouverture des possibles, ce dénuement tant attendu, cette redécouverte de soi. Il partait, lui, mais c’était moins romantique, personne à rejoindre, pas de lieu défini, et le regret de laisser ce qu’il avait été, aussi fort, voire plus, que la connaissance intime qu’il faisait bien. Il n’avait pas la certitude des héros des « Ma vie réinventée », des « L’amour révélé », des « La passion et l’amante ». Il n’était que lui, un lui dont il voulait malgré tout se débarrasser, sans savoir par quel autre il allait le remplacer. Il n’était pas plus courageux que la veille, il n’était pas plus beau, pas plus grand, peut-être juste un peu plus brisé. Et le coup de sifflet était un peu la déchirure externe de sa rupture interne.

10h07

Atelier d’écriture en solitaire 7 – Ecouteurs

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui, «Écouteurs». 

17h40

Le bus avait ce chaos habituel du métro boulot dodo. La secousse biquotidienne du « Tenez-vous freins puissants », la suavité du plastique chaud et usé, le cliquètement claquant des fenêtres disjointes, l’effet parc d’attraction du soufflet tournant. Les écouteurs bien en place, elle tentait de faire de ces trajets des scénarios – plus ou moins convaincants. Entre le tango lancinant des arrêts et le roulis du slalom intrépide de cet engin à rallonge, elle était en mer, ou elle était une touriste, redécouvrant encore et encore les mêmes rues, les mêmes façades, les mêmes feux rouges. Finalement, elle l’aimait, cette litanie.

17h48