Portail d’un autre genre, pénétrer dans l’eau, être happé par le sable, se délecter de l’or ; et tout voir de loin – ou à l’envers.
Distance et proximité de la physique des espaces-temps.
Portail d’un autre genre, pénétrer dans l’eau, être happé par le sable, se délecter de l’or ; et tout voir de loin – ou à l’envers.
Distance et proximité de la physique des espaces-temps.
C’était il y a peu de temps et pourtant cela semble si lointain. Marcher vers cette serre du Jardin des Plantes comme vers une villa Ephrussi normande.
Rythme des photos au rythme des pas.
Parcourir des kilomètres en ne bougeant qu’à peine.
Arrivée.
Ce n’est qu’un départ.
Ayant longtemps habité dans de petits espaces parisiens, avec mini balcon ou sans balcon du tout, j’ai pleinement conscience de ma chance d’avoir, comme tour d’horizon, un tour de jardin.
Supporter l’enfermement et le caractère obligatoire du confinement relève sans nul doute de ces choses très relatives, fonction de son caractère, de son mode de vie, de ses expériences et certainement d’autres pans plus ou moins conscients. Pour exemple, un doctorant studieux ou un docteur / chercheur ne sont-ils pas déjà préparés à cette sorte d’enfermement mental et physique du travail de recherche, rivés aux livres et à l’écran d’ordinateur, poursuivis même pendant les quelques temps d’aération par le sujet de thèse, le plan du travail, les références à lire, … ?
De même, tous les gens ayant connu une longue phase d’hospitalisation n’ont-ils pas déjà été confrontés à cette immobilisation forcée, endurcie par un état de santé problématique ?
Ces formes peuvent toutefois autant conduire à être assez indifférent au confinement ou au contraire provoquer son rejet.
De mon côté, sans aucun doute, mes grossesses m’ont préparée. La vie d’une femme en grossesse pathologique est une vie extrêmement ralentie, assez peu sociale ma foi quand ordre est donné de rester allongée toute la journée, qui plus est de préférence en décubitus latéral. Ou encore quand les malaises forcent de toute façon à s’aliter.
Ce confinement, c’est juste six semaines de plus ou de moins. Quelques bémols.
L’accès aux soins non vitaux mais qui seraient les bienvenus s’en trouve compliqué : kiné, osthéo, orl. Les rendez-vous de suivi de grossesse prennent des allures d’expédition : masque, ne pas croiser les gens de trop près, guichet d’accueil spécial, pas d’accompagnant mais passer à travers les futurs pères agglutinés juste devant les portes d’entrée, en voir de mauvaise foi en salle d’attente, qui prétextant que leur femme ne peut pas conduire, vont avec elle, jusque sur les sièges piètreusement espacés d’une salle d’attente de toute manière bien spatialement restreinte. Voir le médecin masqué, pour qui le port du masque semble encore davantage conduire à écourter les échanges.
Et puis, les courses, la fameuse question des courses. Pour des raisons physiques, être passée aux courses en ligne depuis un certain temps et avoir pris l’habitude de tout trouver et d’être livrée à j+1. Découvrir qu’il faut s’y prendre désormais 10 jours à l’avance. Au moins. Le temps de s’adapter, faire le point sur le contenu du frigo, du congélateur et des placards, compter ses oeufs, se dire que c’est fichu pour faire le gâteau avec le fils cette semaine-ci, retrouver de vieilles conserves encore mangeables et qui seront enfin mangées.
Bref, pas de drame du confinement ici même si assurer la continuité pédagogique, et même pour un enfant en maternelle, n’est pas toujours de tout repos.
Au demeurant, la demeure s’érige en rose et blanc.
« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid », aurait dit Diderot, imposons-nous ne serait-ce que quelques minutes de promenade, pour commencer la journée dans un rythme concentré et vivifié.
Certains courent, cela n’a rien à voir, contentons-nous d’une marche qui permet de forcer corps et pensée à se réaligner. Appelons cela une promènerie. Minutes prolongées, instant présent, acceptons les gouttes quand il y en aura – il y en a déjà eu. Dans une promènerie, quelques pas suffisent, question de qualité. S’arrêter sur l’impression, regarder.
Moment où le jardin d’une bibliothèque, fait de terre et de graviers, attire davantage qu’une salle de jeux et lectures premier âge pourtant très bien faite et adaptée.
La grossesse n’est pas une maladie, mais elle peut rendre malade, très malade. J’en avais fait l’expérience, sous une première forme lors de ma première grossesse, où mon corps surmené par la croissance d’un bébé qu’il n’acceptait physiologiquement que très difficilement, commençait à m’empoisonner petit à petit, doucement mais sûrement. Mettant en péril la mère et l’enfant.
La grossesse n’est pas une maladie, mais elle peut rendre malade, très malade. J’en ai fait l’expérience dès le début de cette seconde grossesse. Je ne ferai pas ici le récit complet des affres des premiers mois, des affres qui n’en finissent plus de finir et qui franchissent allègrement la limite symbolique des trois mois. Ce sera pour une autre occasion. Mais cette expérience permet de vivre pleinement les absurdités de la nature et la relation souvent archaïque que l’on peut avoir à la grossesse. Puisque cet état résulte de l’acte que l’inconscient classe sûrement parmi ceux les plus proches de l’ordre naturel (procréation), tout ce qui s’ensuit doit être accepté comme appartenant au même ordre naturel des choses et doit être accueilli sans se plaindre et sans même chercher à comprendre ou à soulager le mal-être, les malaises, l’anéantissement quasi-total de l’énergie, mélange de shoot hormonal et d’incapacité à se nourrir dans le moment-même où le corps réclame si vivement d’être nourri pour façonner. Une vraie dépossession de soi où l’on sombre dans une léthargie qui n’en finit plus de s’étirer.
Comme tout cela relève de la nature, il faudra donc se contenter d’un « cela passera », « c’est pour la bonne cause », certes partant d’une bonne intention. Mais sans intervention de la médecine, mon premier enfant ne serait jamais né et je n’aurais jamais survécu. Où est-elle alors la naturalité qu’il faut laisser faire ? Les femmes sont-elles toujours et encore obligées d’enfanter dans la douleur ? La médecine ne s’est en tout cas que peu intéressée aux nausées gravidiques de la femme enceinte (c’est en train de changer) ou plus généralement aux moyens de soulager un peu cette dépossession physique qui peut finir par devenir une dépossession cognitive.
Où l’on comprendra donc que mon silence n’était pas injustifié.
Ce ne sont pas ici des photos des plus récentes mais le jeu des lumières a survécu le temps.
Il s’agit en effet de quelques photos du Festival Geneva Lux 2017/2018, alors que l’édition 2019/2020 vient de se terminer le 2 février dernier.
L’en-deça de la structure, le squelette ; des restes version Bauhaus, hommage informel pour le centenaire de sa naissance.