Atelier d’écriture en solitaire 1 – Savon

Ayant fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture solitaire et ayant déjà reçu quelques suggestions, voici donc la première réalisation. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin. Premier mot reçu : Savon.

21h43

Savon

Voilà, il venait de laisser échapper le dernier bout, parti dans le siphon, fichu savon – et sa commande d’il y a 10 jours qui n’arriverait que dans trois jours. Il était trempé, fallait pourtant bien qu’il fasse mousser quelque chose, histoire de garder un peu d’hygiène. Evidemment, la bouteille de shampoing n’était pas à portée de main. Il détestait sortir trempé de sa douche, en plein milieu – pas le choix pourtant. Etat du shampoing : pas beaucoup mieux que le savon, quelques gouttes : qu’il dilua. Ca aussi, ça faisait partie de sa commande. Et après on disait que les Français n’étaient pas propres, forcément, s’il n’y avait pas moyen de se réapprovisionner. Trois jours à tenir avec quelques gouttes. Jouable. Mais pas trop. Il irait sur Facebook, voir les recettes maison proposées, il trouverait peut-être entre deux tutos, de quoi concocter du fait maison, à base de concombre broyé, de bicarbonate de soude et de jus de citron. Cette idée le fit ricaner, pas vraiment son genre, mais, à la guerre comme à la guerre. Souci de privilégié.

21h51

Structures et matériaux

Après une abondance de naturel, rejouons la traditionnelle (et souvent infructueuse) opposition philosophique nature-culture, et proposons un peu de la main humaine, un peu d’artificiel.

En omettant parfaitement que nombre des fleurs présentées les jours précédents ont été sélectionnées, modifiées, plantées, par cette même main humaine.

En omettant totalement que briques et ciment ne sont que la rencontre forcée, chimique, de composants naturels, que l’humain, être naturel, animal même, on l’oublie trop souvent, se sera contenté de mettre en forme.

Bouquets de saison

On continue dans le sur place. On renouvèle l’existant, pour de nouvelles activités, de nouvelles occupations.

Hier ce fut : « composer un bouquet avec les fleurs qui poussent partout dans le jardin ». L’activité a tellement plu qu’il y a eu deux bouquets.

Remarquez comme la jeunesse ne discrimine pas les jolies fleurs des autres fleurs. Même le pissenlit sans plus d’aigrette a eu droit aussi aux honneurs du vase.

Intelligence

Aigrettes de pissenlit

Faites-vous partie des gens qui arrachent les pissenlits de leur jardin, quitte à laisser une résiliante racine, plus en profondeur, et qui profitera de ce que vous ayez cinq minutes le dos tourné pour repousser ? Faites-vous partie de ceux qui les laissent parsemer leur jardin quitte à ce qu’ils étouffent tout brin d’herbe ?

Une chose est certaine, l’intelligence de la nature est là encore à l’oeuvre. N’apprenons-nous pas aux enfants à souffler sur cette boule duveteuse, accompagnant, aussi bien que le vent, la dissémination fructueuse recherchée par la plante ?

Des aigrettes à l’inflorescence, le pissenlit, d’apparence si commun, ouvre sur l’extraordinaire.

Champêtre

S’envisager dans l’infiniment petit – ou sans aller jusque-là dans une version actualisée de « Chérie, j’ai rétréci les gosses ». Pour faire de son jardin un univers à part entière. Chaque fleur est une planète, un géant à escalader, chaque brin d’herbe un obstacle barrant le ciel, chaque racine une montagne périlleuse.

Ainsi se fera le tour du monde, sur place, à observer.

Extérieur

En cette période de confinement, puisons dans les archives, puisons dans les souvenirs, passons enfin ces heures sans cesse repoussées, à la sauvegarde et l’effeuilletage (rencontre de l’effeuillage et du feuilletage) des photos et photos et photos, prises, ratées, évocatrices ou utilitaires.

Dans cette somme numérique, quelques clichés refont alors surface, des vues de l’extérieur, des saisons et de l’architecture.

Notez le coeur gravé, tout en haut de l’immeuble, peut-être vous fera-t-il sourire. Moi oui.