Archives de catégorie : Textuel

Sélection de livres jeunesse par un enfant d’école maternelle

Vous trouverez ci-dessous la liste des livres préférés de mon fils, c’est à dire ceux qui résistent à la lecture depuis très longtemps (plusieurs années pour certains), qu’il faut lire encore et encore, qu’il faut emmener partout, qui sont décortiqués (mais pourquoi ci, mais pourquoi ça), qui sont réclamés le matin, le midi et le soir.

Mes choix seraient parfois différents (pour l’un, c’est le dessin que je ne trouve pas si bien, pour l’autre, le texte manque un peu de consistance), mais c’est justement ça qui est intéressant.

La passion pour certains s’explique parfois par la thématique. Si elle n’est pas la tasse de thé de votre enfant, passez votre chemin sur ce titre-là j’imagine.

Les trains, Stéphanie Ledu, Robert Barborini (NB : une incohérence. Sur les images, la pendule de la gare affiche 8h30, donc non, le haut-parleur ne peut pas annoncer la voie pour un train qui ne partira qu’à 10h50)

Le Renard qui partait à l’aventure, Yuiko Tsuno (NB : avec une difficulté de syntaxe / cohérence, sur la page où l’arbre, le renard, le chien, le chat sont dits en train de discuter. Je change toujours le mot « trois » par « quatre »).

La provision de bisous de Zou, Michel Gay (NB : avec en première page le mot « trucs » que je remplace toujours par « activités » lors des multiples lectures et un bébé qui part en colonie de vacances, c’est surprenant).

Chat Lune, Albertine Deletaille (Rien à dire 🙂 )

Comment sont nées les étoiles de mer, France Quatromme, Estelle Nectoux

Pénélope connaît les formes, Anne Gutman , Georg Hallensleben (NB : Marie-Ursule dans une cage, pas génial)

La famille souris se couche, Kazuo Iwamura (Rien à dire 🙂 )

J’apprends à compter, Caroline Mockford. Livre acheté en Belgique dans une librairie qui liquidait tout, ne semble pas aisément trouvable en ligne, surtout dans la mesure où ce livre n’est plus référencé sur le site de l’éditeur.

Et finalement un 9ème que j’avais oublié :

Pourquoi ça n’avance pas ?, Tomoko Ohmura

Atelier d’écriture en solitaire 8 – Sifflet

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui : «Sifflet». Continuez à me laisser vos propositions de mots !


9h59


Dans cette course effrénée, celle qu’avait été sa vie, vide et vaine, agitée et futile, le coup de sifflet lui sembla comme le dernier couperet. Il partait, définitivement, dans un bruit de soufflerie et de moteur. Jusqu’au bout comme dans un mauvais roman, où le personnage principal, enfin, sursaute, se réveille, part en chasse de son rêve sur fond de locomotive à vapeur vaporeuse, plein de désirs et d’angoisses pour cette ouverture des possibles, ce dénuement tant attendu, cette redécouverte de soi. Il partait, lui, mais c’était moins romantique, personne à rejoindre, pas de lieu défini, et le regret de laisser ce qu’il avait été, aussi fort, voire plus, que la connaissance intime qu’il faisait bien. Il n’avait pas la certitude des héros des « Ma vie réinventée », des « L’amour révélé », des « La passion et l’amante ». Il n’était que lui, un lui dont il voulait malgré tout se débarrasser, sans savoir par quel autre il allait le remplacer. Il n’était pas plus courageux que la veille, il n’était pas plus beau, pas plus grand, peut-être juste un peu plus brisé. Et le coup de sifflet était un peu la déchirure externe de sa rupture interne.

10h07

Atelier d’écriture en solitaire 7 – Ecouteurs

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui, «Écouteurs». 

17h40

Le bus avait ce chaos habituel du métro boulot dodo. La secousse biquotidienne du « Tenez-vous freins puissants », la suavité du plastique chaud et usé, le cliquètement claquant des fenêtres disjointes, l’effet parc d’attraction du soufflet tournant. Les écouteurs bien en place, elle tentait de faire de ces trajets des scénarios – plus ou moins convaincants. Entre le tango lancinant des arrêts et le roulis du slalom intrépide de cet engin à rallonge, elle était en mer, ou elle était une touriste, redécouvrant encore et encore les mêmes rues, les mêmes façades, les mêmes feux rouges. Finalement, elle l’aimait, cette litanie.

17h48

Atelier d’écriture en solitaire 6 – Partage

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui, «Partage». 

17h29

Le moment du partage était toujours un moment de tension. Il le savait bien, lui, Gros Fred, qui en avait fait les frais à plusieurs reprises. Car il avait le cœur aussi large que le corps. D’aucuns auraient dit qu’il était faible, lui se pensait généreux. Et c’était reparti pour des palabres, comme d’habitude, alors que tout avait été pourtant convenu à l’avance, comme d’habitude. Plus le butin était miteux plus les discussions duraient, duraient. Lui Gros Fred, n’avait pas vraiment besoin de ce beurre dans les épinards, il avait déjà un petit emploi pépère dans une supérette de quartier ; il vivait seul, n’avait pas d’ambition et le m’as-tu vu n’était pas pour lui. Mais c’était pour les copains qu’il participait à ces plans souvent bancals, à ces virées nocturnes confuses. Pour les copains, car c’était du genre fidèle, les copains de l’école, ceux qui s’étaient connus morveux. Lassé, il coupa court : « C’est bon, prenez ma part, vous m’offrirez un bon repas un d’ces jours ». Le débat fut clos, après à peine quelques protestations polies. Le Gros Fred n’était pas fâché, il savait que c’était comme ça – et il savait qu’il aurait vraiment, un de ces jours, ce fameux bon repas. Pour lui, c’était ça l’amitié.

17h36

Atelier d’écriture en solitaire 5 – Frangipane

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui, «frangipane». Pas si facile non plus, essayez…

21h43


Elle en avait plein les mains, de la frangipane, plutôt plein la bouche, sur les mains c’étaient les traces de gras délectables laissées par cette pâte d’amande enrichie. Un beau jaune d’or parsemé de quelques touches plus foncées qu’elle engloutissait, à la cuiller, avec satisfaction, sans gêne, sans aucune arrière-pensée. seule la plénitude de ce moment de gourmandise comptait. il ne fallait surtout pas manger par petites bouchées, non, il fallait que saveur et texture se répandent, omniprésentes pour le palais et la langue ; pour que cette expérience du plaisir fonctionne. Par convention, ou pour cultiver le désir, elle attendait toujours le jour officiel du 6 janvier pour cette dégustation palpitante et s’arrêtait – coupure brutale au plaisir qu’elle essayait ce jour de retenir dans cette dernière bouchée – le 31 janvier. 25 jours irréfrénés parvenaient malgré tout à la combler pour une année. Ensuite, elle vivait du souvenir.

21h51

Atelier d’écriture en solitaire 4 – Essentiel

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui , « essentiel ». Eh bien, sachez-le, j’ai eu du mal, plus que sur les propositions précédentes. D’où les huit minutes. Page blanche. J’ai même hésité à tricher et à tout recommencer à un autre moment de la journée… Mais même sans huissier pour contrôler mon respect des règles, je m’astreins donc à vous présenter le premier jet.

13h38

Elle ignorait l’essentiel

sous le sol le devenir et les cadavres

Elle ignorait l’essentiel

sur la terre le présent et la foulée ancrée dans l’être

Elle ignorait l’essentiel

Le sang et le ciel

13h46

Atelier d’écriture en solitaire 3 – Vénus au-dessus de l’horizon dans le soir turquoise

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture solitaire et ai déjà reçu quelques suggestions. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin. Mot traité aujourd’hui , en fait toute une phrase :  » Vénus au-dessus de l’horizon dans le soir turquoise ».

18h49

Cette planète avait toujours été une fournaise. Mais quand on était un paria comme lui, on apprenait à l’aimer, cette fournaise – car c’était une fournaise libre. Vénus au-dessus de l’horizon dans le soir turquoise le narguait toutefois. C’était la planète des bienheureux, ou plutôt des bien-pensants voire des bien dociles. Facile de devenir paria dans une telle société. Une opinion un peu différente dite un peu trop fort et le logiciel de détection automatique des déviances, en raccourci LODEAD, envoyait un signal à une cour de justice algorithmique qui prononçait la sentence : désobéissant 1, 2, 3 ; car la subtilité, histoire de justifier la débauche informatique, c’est qu’il y avait des niveaux de non-conformité. Le sien ? A priori largement niveau 3, ce n’était pourtant pas une grande gueule, mais les taciturnes aussi avaient leur lot de non-conformité. Vénus n’était plus pour lui, pas pour le moment en tout cas.

18h55

Atelier d’écriture en solitaire 2 – Ecobuage

J’ai fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture solitaire et ai déjà reçu quelques suggestions. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin. Mot traité aujourd’hui : écobuage.

20h03


« Allez qu’on m’arrache tout ça ! Tirez, bougres, tirez !  » Sans paraître même entendre les récriminations, de dociles campagnardes et campagnards continuaient leur travail monotone. Sous un soleil qui semblait faire partie de leur peau déjà séchée et de leurs mains calleuses. Le champ il n’y a pas si longtemps fertile partirait en fumée, tel était le devenir des cultures dans cette région endurcie qui pratiquait encore l’écobuage. Parmi ces silhouettes homogénéisées par leur tannage, une jupe un peu plus vive, une main un peu plus frêle – mais pas moins ferme. Une moue un peu narquoise, le champ certes, mais il y avait autre chose, un autre part ou un quelqu’un, dans ces mouvements presque hautains.

20h09

Atelier d’écriture en solitaire 1 – Savon

Ayant fait appel aux volontaires, sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture solitaire et ayant déjà reçu quelques suggestions, voici donc la première réalisation. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin. Premier mot reçu : Savon.

21h43

Savon

Voilà, il venait de laisser échapper le dernier bout, parti dans le siphon, fichu savon – et sa commande d’il y a 10 jours qui n’arriverait que dans trois jours. Il était trempé, fallait pourtant bien qu’il fasse mousser quelque chose, histoire de garder un peu d’hygiène. Evidemment, la bouteille de shampoing n’était pas à portée de main. Il détestait sortir trempé de sa douche, en plein milieu – pas le choix pourtant. Etat du shampoing : pas beaucoup mieux que le savon, quelques gouttes : qu’il dilua. Ca aussi, ça faisait partie de sa commande. Et après on disait que les Français n’étaient pas propres, forcément, s’il n’y avait pas moyen de se réapprovisionner. Trois jours à tenir avec quelques gouttes. Jouable. Mais pas trop. Il irait sur Facebook, voir les recettes maison proposées, il trouverait peut-être entre deux tutos, de quoi concocter du fait maison, à base de concombre broyé, de bicarbonate de soude et de jus de citron. Cette idée le fit ricaner, pas vraiment son genre, mais, à la guerre comme à la guerre. Souci de privilégié.

21h51

Structures et matériaux

Après une abondance de naturel, rejouons la traditionnelle (et souvent infructueuse) opposition philosophique nature-culture, et proposons un peu de la main humaine, un peu d’artificiel.

En omettant parfaitement que nombre des fleurs présentées les jours précédents ont été sélectionnées, modifiées, plantées, par cette même main humaine.

En omettant totalement que briques et ciment ne sont que la rencontre forcée, chimique, de composants naturels, que l’humain, être naturel, animal même, on l’oublie trop souvent, se sera contenté de mettre en forme.