Archives de catégorie : Textuel

Bribes du soir 5

Texte de la veille pour le lendemain ; le « du soir » n’indiquant pas le moment de la publication mais celui de la rédaction.

Toutes les lettres n’étaient pas logées à la même enseigne. Des jalousies se faisaient sentir. Derrière l’ordonnancement rigide du clavier se jouaient des drames ignorés. Le ù, entre autre, n’en était pas à sa première rébellion, mais jusque-là n’avait connu qu’échec et relégation. Le x n’était pas satisfait non plus car il s’était brouillé depuis longtemps avec son voisin le w autour d’une sombre histoire de bijou caillou genou, tandis que le A s’arc-boutait contre la pression de toute la rangée. Mais bon an mal an l’ensemble tenait, au nom de leur devise : « orthographe un jour orthographe toujours ».

Série Coquelicot et coquelicots en série

A regarder de haut en bas ou de bas en haut, selon que vous préférez l’approche travelling arrière ou l’approche travelling avant.

Pour information, j’ai relancé le compte Twitter @lespacelune – n’hésitez pas à m’y suivre. Vous y trouverez des mises à jour de mes publications ici, mais pas seulement. Pas si étrangement que cela, le média informe le contenu – et ce ne seront jamais tout à fait les mêmes textes, les mêmes remarques, les mêmes commentaires.

Première sortie

Première sortie, c’est celle d’une sortie en famille, pour s’aérer, enfin, faire quelques pas en dehors du jardin, voir autre chose. C’était le 11 juin, il y a quelques jours.

Il faut le reconnaître, la discipline imposée à tout le monde en raison de la grossesse puis en raison notamment du nouveau-né, commence à être trop dure pour le désormais aîné. C’est un lion en cage.

L’absence de retour à l’école, aucune réouverture pour son niveau de maternelle jusqu’à aujourd’hui, n’aident pas à maintenir une sociabilité-socialisation adéquate.

Alors tout espace extérieur autre est bon à prendre. Tout est dépaysement. Il suffit d’un peu d’horizon, d’étendues qu’on ne peut pas avoir dans un petit jardin, en particulier l’étendue d’eau – et l’aventure prend forme.

Avec un peu de chance, vous trouvez un endroit délaissé par le public, ou bien vous y allez en horaires décalés (l’expression est à la mode, n’est-ce pas) et vous pourrez enfin ôter les masques.

Presque de la normalité pour un jeune enfant, un peu d’insouciance quand ce confinement et cette non-reprise d’école lui ont nécessairement dit que quelque chose n’allait pas.

Parenthèse, respiration. Un retour à l’école, même pour deux semaines, ne serait alors pas négligeable.

Atelier d’écriture en solitaire 11 – Vacancelle

J’ai fait appel aux volontaires, notamment sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui : « vacancelle ». Ou comment ce terme inexorablement m’imposait d’utiliser aussi le mot escarpolette. Liaison intime dans le souvenir d’Une partie de campagne de Guy de Maupassant.

11h11


L’escarpolette était en place. Cette vacancelle s’annonçait bien. Un temps ensoleillé mais à bonne température, du vin au frais, un petit air léger comme une bise intime. À regarder l’herbe, il la voyait déjà sourire de son sourire cru, sans retenue. C’était la première fois qu’il l’amènerait ici, au bord de cette eau traîtresse mais qui faisait illusion quand on y trempait les pieds. Les saules ajoutaient au pittoresque qu’il recherchait sans vergogne. Il l’imaginait déjà les chevilles nues tandis qu’il montrerait l’exemple en relevant ses pantalons jusqu’aux genoux. Il s’assit paisiblement sur la plage rudimentaire. Il savoura cet instant, il se redoutait comme l’insatisfait permanent et se promit de laisser de côté, pour elle, quelques moments, ce travers.


11h19

Sous les pavots, la plage

coquelicot

Coquelicot, pavot, les noms sont divers pour cette fleur oscillant entre le rouge profond et l’orange intime.

Sous les pavots la plage, au pied de l’arbre, l’évasion matinale à observer les nouvelles fleurs poussées ou écloses. Cette fois, je procéderai à l’envers, d’abord le coquelicot ouvert puis je mettrai en ligne la version fermée.

coquelicot

En post-confinement mais enfermée dans un corps de fin de grossesse, les jours se ressemblent, entre suivi médical rapproché, mouvements limités, sieste(s) incontournable(s). Le rythme est lent, très lent, la concentration aléatoire.

coquelicot

Sous les pavots la plage, jeu de mots approximatif pour une vérité pas si lointaine.

Atelier d’écriture en solitaire 10 – Marron

J’ai fait appel aux volontaires, notamment sur la page Facebook de L’Espace Lune, pour des propositions de mot dans le cadre d’un auto-atelier d’écriture en solitaire. Règle du jeu : 5 à 8 minutes maximum pour écrire un texte à partir du mot proposé (qui devra figurer dans le texte). Je note au début du texte, l’heure de début de rédaction, et à la fin, l’heure de fin.

Mot traité aujourd’hui : « marron ». Où comment le mettre tout au début pour s’en éloigner.

21h00

Marron, la terre avait parlé, dans l’au-delà de ses bras, l’encerclement d’un avenir incertain. À ses pieds la boue, devant ses yeux, la poussière humide de l’étendue hostile. Sa poitrine l’oppressait, ses côtes broyaient son coeur, elle étouffait à respirer à pleins poumons. Depuis deux semaines, la marche ne l’avait pas plus éclairée qu’une journée passée à ruminer. Elle ne savait toujours pas quoi faire, et en plus elle était épuisée. Ses ennemis restaient ses ennemis ; ses alliés lui étaient devenus douteux à force d’y penser. Et à aucun moment la contemplation morne du pas solitaire n’avait ouvert chez elle une vision bienveillante – où une bonté nouvelle de son âme aurait rayonné pour dépasser ses haines et ses rancoeurs. Définitivement, boue et poussière lui allaient bien.

21h07